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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/172

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contestant que les termes pouvoir et action répondissent à des idées claires, tandis que c’est d’elle que Berkeley partait, et de la conscience immédiate que nous en avons, pour passer, à l’aide de la moins suspecte des inductions, à l’affirmation de l’existence des esprits dont elle est le premier caractère.

La négation de la cause comme principe donnant un fondement externe à la liaison des phénomènes, son explication par l’habitude, fait mental, aurait encore permis à Hume de laisser une place au libre arbitre dans la vie humaine, car, qui oserait dire que l’expérience et l’habitude concluent visiblement en faveur de l’enchaînement invariable des phénomènes dans les faits du domaine de la volonté ? Mais Hume, niant le sentiment du pouvoir ambigu de la volonté, coupait la racine du libre arbitre. Il n’avait plus alors qu’à considérer le fait commun des « conjonctions constantes », ajouter les « inférences qui s’y fondent » et conclure aux « connexions nécessaires » : démonstration toutefois bien étonnante, admise par le philosophe dont l’œuvre capitale avait eu pour objet la dissociation des idées, et pour thèse finale l’impossibilité logique de rien construire.

Après deux mille ans de débats sur la liberté et la nécessité, Hume, en son Essai spécial sur ce sujet, déclara que la question n’existait pas, qu’elle ne pouvait donner lieu à aucun doute sérieux, que la connexion nécessaire en toutes choses était au fond l’opinion de tout le monde. Il termina sa propre profession de foi sur le libre arbitre par la même définition dérisoire qui avait marqué le commencement de l’enquête de Locke : « Le pouvoir d’agir ou de n’agir pas, conformément aux déterminations de la volonté », c’est-à--