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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/18

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qu’il s’agit, et non d’aucune autre. — Alors tous les sujets différents de ce moi sont devenus des objets pour le langage, on a nommé subjectif ce qui se rapporte à ce moi, et objectif ce qui concerne les sujets de l’observation et de l’expérience. De là deux résultats contradictoires entre eux, également fâcheux : d’un côté, l’introduction, presque subreptice, d’un faux idéalisme qui, à l’aide d’une vérité de méthode, met en échec la doctrine de la réalité externe ; de l’autre, le parti pris positiviste qui tient pour douteux le subjectif, et sous ce nom les idées d’origine intellectuelle ou morale, et place la certitude dans l’objectif, en appelant objets, les sujets sensibles tels qu’il les croit être en eux-mêmes.

Nous reviendrons à une terminologie plus naturelle. Nous appellerons subjective toute qualité constitutive d’un sujet quelconque, ou qui appartient à sa nature définie ; et objective, toute représentation, en tant que donnée à une conscience comme son objet, externe ou interne qu’on le suppose. L’espace, par exemple, est essentiellement objectif en ce sens, et toute sensation externe est objective, en tant que représentative ; subjective, en tant que propriété du sujet doué de sensibilité.

Nous appellerons transcendant tout objet dont l’existence subjective réelle, sous quelque forme ou d’imagination ou de concept qu’il nous soit représenté, est invérifiable, inaccessible à l’expérience ; et une question transcendante sera pour nous toute question concernant soit l’existence d’un tel sujet, soit la vérité d’une relation qui échappe entièrement, ou pour sa généralité, à l’expérience possible et ne peut être qu’hypothétique ou matière de croyance. Telles sont essentiellement les questions dont traitent la métaphysique, et la psychologie dans ce qui n’est point de simple observation.