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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/184

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même à ceux qui n’en méconnaissent pas le caractère essentiellement pratique, un parti à prendre, du même ordre en lui-même que tout autre de ceux qui sont réclamés par les grands problèmes de la métaphysique. Mais c’est là une erreur. Le problème est inséparable d’un jugement pratique supérieur à toute notion de théorie, et portant sur la valeur de la connaissance.

On ne réfléchit pas, — nous arrivons au dilemme de la connaissance formulé par J. Lequier, — que l’option demandée par l’alternative : nécessité ou liberté, si on la considère dans la détermination de conscience du philosophe, est dans la dépendance de la même alternative considérée in re, ou quant à la vérité externe de la chose. En effet, si c’est l’opinion nécessitaire qui se trouve être la vraie, la décision doctrinale du philosophe, qu’il soit de cette opinion ou de l’opinion contraire, est toujours un produit de la nécessité universelle, considérée dans ce jugement, comme en serait un, tout autre fait particulier, relatif à cette personne ; et, si c’est le libre arbitre qui se trouve être le vrai, le philosophe fait un acte libre, dans tous les cas (si toutefois il délibère), en se prononçant pour sa réalité ou en la niant. Cet état de la question, quand on s’en rend compte, met une singulière différence entre les deux opinions rapportées respectivement à chacune des deux hypothèses.

Le philosophe qui croit à la nécessité doit s’avouer que la même loi qui détermine chez lui cette croyance, détermine chez d’autres la croyance contraire ; que cette loi se contredit, par le fait, en s’appliquant : 1o en créant chez tous les hommes l’inévitable illusion de l’existence de possibilités en divers sens, qui ne sont que l’effet d’oscillations avant l’événement et ne répondent à aucune