Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Si j’affirme nécessairement la liberté, j’obéis à la même loi que celui qui la nie, et je suis d’accord, en mon erreur, avec l’erreur commune en laquelle cette loi maintient les hommes dans l’exercice pratique du jugement.

Si j’affirme librement la nécessité, je suis dans l’erreur au fond, et mon affirmation ne me sauve pas du doute transcendant, puisque la nécessité, à laquelle je crois, n’exclut pas ce doute.

Enfin, si j’affirme librement la liberté, je suis à la fois dans le vrai par hypothèse, et d’accord avec la raison pratique. C’est la position la plus favorable de l’agent moral, et comme c’est d’un dilemme qu’il s’agit, que la croyance est inévitable en un sens ou en l’autre pour résoudre la question, le meilleur parti à prendre est celui de la liberté s’affirmant elle-même.

Le croyant à la liberté, dans cette hypothèse, distingue entre la partie déterminante de sa nature propre, de son caractère, et des antécédents et circonstances de sa vie, d’une part, et d’une autre part, le pouvoir qu’il s’attribue selon qu’en témoigne sa conscience, de se déterminer après délibération à des actes dont il ne regarde pas les motifs comme enchaînés par une anticipation invariable de ses modes successifs de pensée les uns sur les autres. Il sait que toute la certitude qu’il puisse atteindre en philosophie est une fonction de cette conscience qu’il a de sa liberté, et des motifs de sentiment ou de raison, des causes multipliées, prochaines ou lointaines, qui ont formé son intelligence et modifié son caractère. Il ne cherche pas des preuves capables de s’imposer à lui en dehors de tout apport personnel de passion et de volonté. N’en sachant pas de telles, et reconnaissant que tout principe contredit et disputé