Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la relation fondamentale du sujet à l’objet, la loi de conscience ? On peut la définir, et donner sans sortir de la méthode phénoméniste une explication claire de la pensée renfermée dans la formule de Descartes. Le sens de cette formule atteint l’universel, en effet, sans dépasser les réelles anticipations à la portée de la conscience individuelle.

Descartes a nommé substance et chose qui pense le contenu qu’il voulait dégager du terme cogito, mais nous pouvons affranchir la notion, que ce terme enveloppe, du caractère réaliste que le philosophe lui a prêté suivant le langage substantialiste, incontesté de son temps, et que souligne si bien ici le mot chose. Il suffit de se rendre compte d’un sentiment et d’une idée qui sont certainement, quoique obscurs, inclus dans l’énonciation de ce sum qui s’ajoute au cogito : c’est l’idée d’un présent, d’un passé et d’un futur unis et formant un tout dans la pensée présente ; c’est l’extension donnée à ce tout par la mémoire et par la prévision, et c’est la croyance spontanée à la prolongation de cette synthèse vivante avec des modes variés de perception.

Nous avons là toute la matière, telle qu’elle est donnée à l’observation interne, de ce que la philosophie généralise et désigne par les termes abstraits de l’identité et de la permanence du sujet, quoiqu’elles ne puissent se conclure analytiquement et se démontrer. Un sentiment naturel y trouve, sans dogmatisme, le fondement suffisant, — toute l’histoire des religions en constate le fait, — pour ajouter à la synthèse d’identité et de permanence phénoménale, ou dans les limites de l’expérience, la pérennité et l’immortalité. L’imagination ajoute, il est vrai, à cette induction l’idée d’un support matériel de l’ensemble des faits de conscience,