Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/39

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paraissant impliquer, pour la divinité comme pour l’homme, la conscience, — et la personne au sens d’hypostase, ou support métaphysique, notion réaliste. Le sens du mot latin, persona, s’était étendu assez naturellement de l’idée d’un personnage représenté, masque, figure, à celle du sujet sous le masque, et qui en est l’hypostase, il devint, pour la théologie succédant à la philosophie, l’idée d’un sujet plus profond, dont le sujet vivant, avec tous ses caractères, n’est lui-même que la figure. Les hypostases, selon le côté des religions en lutte, au iiie siècle, où cette méthode réaliste vint en usage, s’employèrent d’une manière différente : là, pour supprimer nettement, dans la première hypostase, ici, pour y joindre illogiquement les attributs de la conscience personnelle.

Du côté hellénique, où l’abstraction familière à la doctrine des Idées régnait sans partage, et où la doctrine de la création, loin d’être traditionnelle comme chez les Juifs, était exclue par le passé mythologique tout entier, la doctrine de l’émanation, adoptée pour l’origine du monde, exigea que la première hypostase, Dieu premier, fût mise au-dessus de l’intelligence déterminée et développée. C’est ainsi que Platon et Aristote avaient compris le premier principe, mais ils ne l’avaient pas appelé Dieu, surtout dans le sens qu’entendent les religions et auquel elles attachent la personnalité. L’émanatisme forma un seul corps de la doctrine réaliste et de la religion que ces philosophes en avaient tenue séparée. De même que l’Absolu émanant, Unité pure, devait, suivant la loi de l’émanation, ignorer son produit émané, Intelligence, deuxième hypostase ; de même l’Intelligence, siège des Idées, système intellectuel de leurs rapports, devait encore rester étrangère à la forme de cons-