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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/44

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XV

Le monde dans l’Inconditionné. Doctrine de Spinoza. — Nous ne pousserons pas plus loin une question de théologie religieuse amenée ici par une importante application de la méthode réaliste à la solution du problème du passage de l’Inconditionné au Conditionné. Mais nous ne voyons nullement pour quelle raison la philosophie johannique et son interprétation nicéenne — en écartant seulement la mythologie de l’incarnation, — n’auraient point droit à une place entre les doctrines qui ont proposé des solutions de ce problème. Ce n’est certainement point que toutes celles qu’on regarde comme strictement philosophiques soient pour cela plus rationnelles.

Au fond, l’importance de cette théorie chrétienne des hypostases n’a jamais été que celle d’une forme métaphysique, malheureusement inspirée, de la croyance à la divinité du Christ, qui n’avait eu d’abord que la forme messianique. La doctrine de la création, maintenue avec force, ôtait aux hypostases tout leur intérêt dogmatique. Bien ne le prouve mieux que le parti auquel s’attachèrent définitivement les théologiens, d’attribuer la création à Dieu, indivisiblement, et non plus à la seconde personne de la trinité, qui autrefois avait été inventée spécialement pour en être l’agent et laisser Dieu dans l’absolu de la majesté. C’est au créateur aussi, et non à une hypostase, que se rapportèrent les thèses orthodoxes de la scolastique, et celles du xviie siècle qui représentaient Dieu comme l’unique auteur de toute réalité et de toute actualité dans le