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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/51

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vable autrement que par une définition de relations, on bannit l’Inconditionné de l’existence par la même raison que de la connaissance possible. On ne le tient pas simplement pour l’inconnaissable, connu comme existant, mais bien pour le non-existant, comme ne renfermant pas les conditions que l’entendement exige pour affirmer la possibilité de l’existence.

La distinction arbitraire de l’Entendement et de la Raison, dans la doctrine kantienne, prétend se motiver sur ce que l’Entendement donne à l’expérience ses règles, qui ne sont applicables que dans la sphère de l’expérience possible, au lieu que la Raison, faculté des principes, dépasserait ces limites. Mais la Raison, avec le don qu’on lui supposerait de créer des idées absolues, ne dépasserait pas seulement l’expérience, mais l’intelligence possible. C’est ce dont Kant ne s’est pas rendu compte, quoiqu’il ait vivement exprimé lui-même le trouble de la raison qui cherche à atteindre autrement que dans les mots le sentiment de l’être sans condition.

L’expérience possible est une idée sujette à équivoque, en son application à la connaissance et à l’existence ; car nous croyons ou pouvons croire à l’existence de sujets que nous ne regardons nullement comme du domaine de l’expérience ; mais la possibilité ou l’impossibilité de penser ne souffrent point d’équivoque.

La raison en vertu de laquelle il conclut de l’ensemble des conditions empiriques à l’existence de leur commune condition inconditionnée est-ce que Kant appelle un jugement synthétique a priori, source, dit-il, de plusieurs autres de la même nature. Mais en quoi réside l’obligation d’admettre ces sortes de jugements, ou quelle est la manière de distinguer ceux d’entre