Aller au contenu

Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/61

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XXI

Le dilemme de l’Inconditionné. — D’après le sens que nous avons donné au mot dilemme pour appliquer la méthode de disjonction aux thèses philosophiques, le sujet du dilemme qui ressort de l’analyse logique du rapport du Conditionné à l’Inconditionné est l’opposition établie entre le principe de relativité, et l’explication du monde par sa déduction d’un principe inconditionné qui serait à définir, si le terme de définition était logiquement applicable à l’Inconditionné.

La philosophie de l’Inconditionné, si nous réunissons sous ce nom les doctrines, d’ailleurs diverses, qui n’admettent pas le principe de relativité, fait valoir les raisons suivantes :

La série des phénomènes, conditionnés les uns par les autres, dont se compose le monde, doit se terminer à quelque chose qui n’implique de relation à rien. Sans cela, le relatif n’ayant jamais rapport qu’au relatif, tous les rapports porteraient sur le rien en dernière analyse.

La thèse de la nature nécessaire, — c’est le nom qui est souvent donné à la chose qui existe en soi et qui est conçue par soi, c’est-à-dire dont le concept n’exige le concept d’aucune autre chose pour se former — a été défendue par cette raison : que, s’il n’existait pas une cause nécessaire du monde, le monde serait né de rien. L’argument est le même au fond, envisagé seulement du point de vue de la causalité, que celui qu’on tire de la nécessité de terminer à un non-relatif la série des relatifs ; et le même encore, en ne s’arrêtant pas au