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Page:Renouvier - Les Dilemmes de la métaphysique pure, 1901.djvu/80

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des apophtegmes, qui ont été conservés, sur la triste condition des choses qui ne nous permet d’atteindre que des apparences variables et toujours incertaines, telle qu’en donnent les sensations, et les jugements dépendant des sensations. Ils en conclurent, eux, qu’en dépit de l’atomisme, qui pouvait être vrai ou non, le phénomène est-ce qu’il y a de certain, et que, après tout, la connaissance est relative à l’homme et à son impression du moment. Ce fut le berceau du scepticisme.

En séparant la question du critérium d’avec l’hypothèse de la substance, le scepticisme commençant n’approchait pas encore de l’idée de constituer le sujet humain avec sa conscience en regard des phénomènes dont le libre jugement lui appartient. Le déterminisme absolu de Démocrite enveloppait les phénomènes mentaux comme les atomes ; et la pesanteur modifiée par le hasard, qu’Épicure substitua aux tourbillons de Démocrite, ne changea rien à la notion du sujet réel des phénomènes.

XXVII

La substance indéterminée et ses hypostases chez Platon. — Le sens attribué jusqu’ici à la substance est inapplicable à Platon, à Aristote, au néoplatonisme et à la scolastique, car l’idée abstraite du sujet des phénomènes sensibles, et celle de la masse indistincte des éléments, ont pu être employées dans ces écoles, mais on n’entendait plus alors que ce sujet ou cette masse eussent en soi le principe de leurs changements. Platon, dans le Timée, après avoir remarqué l’inconsistance