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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/104

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ces jeunes personnes et de les envoyer à Cayenne, oùMme Collart[1], une autre fille naturelle, se chargeait de les recevoir et de leur trouver des époux. Elles acceptèrent, et c’est ainsi qu’il arracha à la prostitution nombre de ces infortunées. Il le dit du moins, mais son imagination est si riche, que l’histoire de cette colonisation doit être acceptée sous toutes réserves. Il s’intéressait, d’ailleurs, par vocation, aux femmes déchues, persuadé que la plupart pouvaient être ramenées au bien, et cherchant à réparer le mal que ses passions lui avaient fait commettre malgré lui.

Cette idée de réhabilitation se retrouve dans les Nuits de Paris : une femme charitable, la marquise de M… (Montalembert), l’a chargé de se mettre en quête, la nuit, dans Paris, des filles dont il croit pouvoir obtenir l’amendement, et de les conduire en son hôtel. De là, elle les dirige sur un établissement créé à leur usage. On peut voir, dans cette fiction[2], une idée première de l’œuvre des Filles repenties.

L’aventure de madame Maillard[3] semble plus réelle, ainsi que cette assertion de Monsieur Nicolas : « J’ai retiré cinq filles de la prostitution, dont chacune m’a coûté huit cents livres. » Il trouvait souvent de la reconnaissance chez ses protégées : « Je ne suis pas tout

  1. Monsieur Nicolas, t. XI, p. 186.
  2. V. aussi dans les Nuits de Paris, p. 3348, l’exposé de la bienfaisance de madame Châtel, « dame généreuse qui aide les personnes malaisées pour leur faire franchir les premiers pas d’un commencement d’état toujours si difficile ».
  3. V. Mes Inscriptions, § 287, p. 77.