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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/107

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l’aida à sortir du mauvais pas où l’avait engagé La belle hôtesse et son pensionnaire, dont l’héroïne demeurait près la porte Saint-Honoré. Une dame portant le même nom logeait réellement à cet endroit. Il n’y avait eu là qu’une fâcheuse coïncidence. Restif ne la connaissait pas : « J’en ai persuadé cette femme estimable chez son avocat, en présence d’un homme célèbre dans toute l’Europe, M. de Beaumarchais[1]. » Sa manière de procéder donnait quelquefois lieu à des scènes amusantes : le libraire Guillot reconnut, dans la nouvelle La mère Gâteau, son confrère Bastien, mis en scène sous le nom de Nesbat, et ne se reconnût pas lui-même sous son pseudonyme[2].

Les difficultés recommencèrent à propos d’une nouvelle publiée d’après les indications de Desmarais, de Châteauneuf, où des gens haut placés jouaient un rôle peu honorable[3]. Son indiscrétion devint particulièrement grave dans L’année des dames nationales, parue en pleine Révolution. Il ne fut pourtant point inquiété.

Restif est donc bien le fondateur de l’école naturaliste. Il a fait sa profession de foi dans la préface des Contemporaines : « J’imaginai que, si j’avais le talent d’écrire, il faudrait prendre une route nouvelle, et ne point prostituer ma plume au mensonge. » Cette déclaration de

  1. Contemporaines, V édition, t. XXX. MM. E. Campardon et A. Longnon ont publié, dans le Bulletin de l’Histoire de Paris, année 1876, p. 142, des documents concernant cette affaire.
  2. V. Mes Inscripcions, § 863.
  3. V. Mes Inscripcions, p. 229, note 3.