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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/397

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j’avais cherché à vous obliger[1] ; j’étais sur le point de le faire encore, à votre pressante sollicitation. C’est dans ce moment qu’a paru votre brochure. Je n’examine pas le mérite du fonds, je ne vois que votre procédé. Il m’a indigné, il a révolté tous les honnêtes gens. Vous dites que j’ai parlé de vous dans mes ouvrages : vous savez et vous en êtes convaincu, que je n’ai jamais fait que répondre à vos trahisons, à vos noirceurs, avec une modération sans exemple. Vous avez dit, chés mon libraire, que si je vous irritais, en me plaignant, vous feriez ma vie : j’y consens. Je vous en porte le défi parce qu’alors il me serait permis de faire la vôtre, que je sais un peu mieux que vous ne savez la mienne, car jamais je ne vous ai fait de confidence. Voici, en attendant, une petite anecdote de la vôtre, et la plus innocente de toutes :

Vous entrâtes, il y a quelques jours, chés mon libraire, où se trouvait M. Favart, cet homme si bon, tout à la fois, et si spirituel, qu’on vient d’applaudir avec transport dans l’Amitié à l’épreuve[2], cet homme qui a fait l’Anglais à Bordeaux, où la délicatesse le dispute aux étincelles de l’esprit ; vous vous approchâtes, et vous lui dîtes : « Monsieur, j’ai l’honneur de vous saluer. — Mot. — Monsieur, est-ce que vous ne me reconnaissez pas ? Je suis Nougaret ? — (Avec dignité) : Si, Monsieur, je vous connais ; vous êtes Nou-

  1. V. le §. 570, 24 novembre 1785.
  2. L’amitié a l’épreuve, comédie en deux actes et en vers libres, mêlée d’ariettes. Paris, Ballard, 1770.