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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/47

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Baron, morte à Auxerre au moment où il devait l’épouser, que la plume lui tombe des mains : « Le l6 février 1784, à trois heures et demie, dans mon lit où je travaille, je ressens le coup aussi douloureusement que le premier jour. Si je l’écrivais le 11 mars, je ne pourrais tenir la plume : les anniversaires m’émeuvent trop violemment. » Il s’arrête au milieu d’une phrase et dit, en note : « J’en restai ici, hier, suffoqué de douleur ; je ne pouvais plus écrire. »

Quand il fut installé dans sa proterie de Paris, Restif continua ses Memoranda. L’idée de graver sur la pierre de l’île Saint-Louis ne lui vint qu’en 1776 ; encore ne fut-ce qu’accidentellement. L’habitude n’en fut prise régulièrement qu’à partir de sa liaison avec Sara Debée. Il se servait d’une clef[1], qu’il remplaça ensuite par des fers[2] forgés exprès pour cette besogne.

Outre la facilité que présentaient les murs des jardins et les parapets des quais, l’île Saint-Louis avait l’avantage de lui rappeler certaine île de l’Yonne où il allait, autrefois, lire, rêver, « exhaler ses transports ». Elle s’appelait et s’appelle encore l’ile d’Amour.

Cependant, quelques dates importantes furent inscrites sur sa fenêtre ; par exemple celle du 8 août : Timor et tremor, relative à ses

  1. V. la note de la page 4 de Mes Inscripcions.
  2. V. Les Nuits de Paris, t. XVI, p. 334 : « J’allai aux Tuileries par le Pont-Royal. Au moyen des fers qui me servent à graver sur l’île, il m’est quelquefois arrivé de grimper dans ce jardin après qu’il était fermé… »