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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/70

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mille dans la boue m’y ferait pendre à vos yeux… Je n’y reviendrai plus… »

« Et je n’y suis plus revenu. Le 14 juillet 1789 est la dernière de mes dates sur l’île. O 14 juillet, c’est toi qui, en 1751, me vis arriver à la ville, pour la première fois, tel que me présente la première estampe du Paysan-Paysane ! C’est toi qui m’ôtas aux champs pour jamais, et c’est toi qui me bannis de mon île !… »

Il n’y revint pas, en effet… de quelques jours. L’habitude était trop invétérée, l’attraction trop vive pour qu’il pût se tenir parole. Il y retournait, bien qu’Augé l’eût de nouveau fait arrêter et lui eût fait passer « à la Ville » la nuit du 28 au 29 octobre 1789[1] ; il y retournait encore en 1792, comme nous l’avons vu par la correspondance de La Reynière, qui « souffrait » de le voir éloigné de ce lieu et le remerciait d’avoir « regravé » les dates qui le concernaient[2] ; il y retournait en 1795, quoiqu’on y eût assassiné un homme pris pour Dupont de Nemours, ex-constituant[3], et qu’il eût fait d’assez sérieuses réflexions à ce sujet.

Pourquoi cet entêtement dangereux ? C’est que l’île était désormais pour lui ce qu’avaient été autrefois les yeux des belles : un irrésistible

  1. V. Nuits de Paris, t. XVI, p. 414 et suiv. Augé l’avait dénoncé en le déclarant auteur de trois pamphlets : Moyen sûr à employer par les deux ordres pour dompter et subjuguer le tiers État et le punir de ses exactions. — Domine salvum fac Regem. — Dom B… aux États généraux.
  2. Le Drame de la vie, appendice.
  3. Nuits de Paris, t. XVI, p. 492.