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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/74

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IV

RESTIF JUGÉ PAR SES CONTEMPORAINS.

Dès 1769, la publication du Pied de Fanchette et du Pornographe commença la réputation de Restif. Cependant, son premier succès ne date véritablement que du Paysan perverti (1775), dont la vogue força l’attention de la critique, jusque-là dédaigneuse.

En 1770, Grimm avait déclaré ne point connaître le nom de l’auteur de La Mimographe, qu’il trouvait ennuyeux et auquel il reprochait ses néologismes, entre autres le verbe inconvénienter : « C’est son livre, s’écrie-t-il, qui inconvénienterait les progrès du goût, s’il était possible de le lire ! » Et quand parurent, deux ans plus tard, les Lettres d’une fille à son père, même dédain : « Ces lettres, dit Grimm, sont d’un original dont le nom ne me revient pas. »

Cependant, tout le monde parle du Paysan perverti, que les uns attribuent à Diderot, d’autres à Beaumarchais. Grimm change de ton, croyant que ce dernier y a collaboré : « Plein d’invraisemblance, de mauvais goût, souvent du plus mauvais ton, ce livre promène l’esprit sur les scènes de la vie les plus viles, les plus dégoûtantes, et cependant il attache, il entraîne… Il y a longtemps que nous n’avons point lu d’ouvrage français où nous ayons trouvé plus d’esprit, d’invention, de génie. Où le génie va-t-il donc se nicher ? »