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Page:Restif de la Bretonne - Mes inscripcions, éd. Cottin, 1889.djvu/94

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jeune fille est morte pour lui en 1753. Comme reproduction de son espèce, il accomplit des miracles[1]. Et ses enfants sont les plus beaux du monde.

Voilà pour le physique. Ses qualités ne sont pas moindres dans l’ordre intellectuel et moral ; Auxerre le regardait comme un modèle. Dans un bal public, il fut chargé, un soir, par les jeunes filles, d’emmener une certaine Tonton Laclos qui faisait du scandale. On la lui confia « comme étant le plus sage ». Confiance qu’il justifia, d’ailleurs, en se permettant une « familiarité ». Il faut dire qu’elle l’avait provoqué, et que « toutes les fois qu’une étincelle tombe sur l’amadou, le feu prend ».

Or, les étincelles tombèrent dru sur lui, à Auxerre. Il paraît que sa bonne réputation n’en souffrit point. Elle fit naître de l’enthousiasme chez deux de ses camarades, Gaudet et Théodore, qui lui étaient dévoués corps et âme. Le dernier, qui désirait un fils homme d’esprit, avait fait, avec Restif, de singuliers arrangements pour réaliser son vœu[2]. En 1771, il retrouve mariée une des innombrables personnes dont il s’attribue la paternité. Quand il se présente chez le mari, celui-ci, apprenant le nom du véritable père de sa femme, s’écrie, enthousiasmé : « Ton père efface la tache que t’avait imprimée ta mère[3] ! »

Comme preuve d’enthousiasme, il est difficile de trouver mieux.

  1. Voir, ci-dessous, p. lxxxix.
  2. V. Monsieur Nicolas, t. XIII, p. 17s
  3. V. Monsieur Nicolas, t. XIII, p. 209.