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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/114

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Miné. Aussi fut-elle un peu jalousée ! Ce fut dans le moment où elle était dans la joie et l’espérance, deux jours avant son mariage, que je l’abordai.

— « Bonjour, Marguerite ! Vous allez donc vous marier ? — Oui, Monsieur Nicolas. — Vous êtes bien contente ? — Mais je ne suis pas fâchée ! — Marguerite ?… vous savez que nous avons toujours été amis ? — Oui, Monsieur Nicolas, et que nous le sommes encore. — Je voudrais bien que vous me voulussiez faire un plaisir ? — Volontiers, Monsieur Nicolas ; je suis votre voisine la plus proche. — Vous allez vous marier ; vous saurez ce que c’est que le mariage ;… il faudra me le dire ? — Je ne le dirais pas à un autre, » répondit Marguerite ; « mais à vous, je le dirai. » Nous changeâmes ensuite de conversation… Marguerite se maria le surlendemain, en noir ; car tel est l’usage dans toutes les campagnes, que l’habit des noces, sans aucun changement, y sert pour le deuil, si l’un des deux vient à mourir ; toute la différence, c’est que la mariée a des rubans à sa bavette, et une ceinture rose ; au lieu que les jeunes filles, ou nymphes, n’en ont qu’à leur bavette, et qu’elles sont en couleur, ou en blanc, suivant qu’elles ont des habits. Je vis marier Marguerite, et je la trouvai très jolie !

C’était le mardi. Je restai à Sacy jusqu’au mercredi suivant. Le, dimanche, on fena et serra le foin du pré de l’enclos de la Bretonne, fauché du vendredi et samedi. C’était l’usage, que l’on invitât toute la jeunesse au fenage et au serrage dans les chaf-