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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/140

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pour… une autre… Il faut prier le bon Dieu qu’il vous délivre de ces pensées ; et soyez sûr que je prierai Dieu pour vous, Monsieur Nicolas ! Il ne faut pas que vos frères se doutent de rien : tout serait perdu ! Ils ne vous aiment pas, à cause de la différence de mère, et ils ne cherchent qu’une occasion de vous renvoyer ou de vous faire discontinuer vos études. Ainsi, observez-vous !… Pauvre garçon ! quelle âme vous avez, et que vous aurez à souffrir !… Si, au lieu de Jeannette, qui pourtant m’est chère au delà de toute expression, mais qui est d’une famille fière et mal disposée pour M. le curé, à cause du procureur fiscal Droin, qui ne l’aime pas ; si, disais-je, vous aviez eu pris les mêmes sentiments pour Marianne Taboué, ma cousine et ma filleule, qui est plus jeune et presque aussi jolie que Mlle Rousseau, mieux proportionnée à votre âge, puisqu’elle n’a pas encore quinze ans, quoique grande comme vous la voyez, j’aurais mitonné cela tout doucement, jusqu’à ce que vous eussiez été tous deux en âge. J’aurais un jour parlé à vos parents, et en lui assurant ce que j’ai, qui est un assez joli petit bien, je parviendrais peut-être à réussir… Mais il n’y aurait pas moyen avec les Rousseau ; ils ont une fierté (que je ne saurais désapprouver) ; et puis, comment doterais-je la fille d’un homme qui… On en jaserait. » J’étais encore un enfant ; j’avais des sens impétueux, que Marianne avait quelquefois émus ; j’avais ce goût du mariage, commun à tous les nouvellement