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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/27

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blier que la religion fortifiait toutes ses qualités et atténuait ses défauts, au point que son manque d’esprit avait quelquefois tout le mérite de la plus aimable et de la plus franche bonhomie.

Nous montâmes au dortoir des enfants de chœur, qui a très belle vue : de ses croisées, on distingue tout Paris, ou du moins tout ce qui est visible de ce côté-là. Je fus très content des petits curés, au nombre desquels on me dit que j’allais être ; ils m’environnèrent tous, et me firent doublement accueil, comme à leur nouveau camarade et comme au frère de leur maître. Après un petit rafraîchissement, nous partîmes pour aller à Paris, l’abbé Thomas et moi.

J’étais fort gai ; mon père lui-même était surpris que je ne fusse pas plus honteux : mais il comprit que des enfants comme moi, qui n’étaient pas plus que moi, ne m’imposaient pas. Si mon frère n’avait été que l’un des deux garçons de service, Olivier et Paul, j’aurais été honteux devant tous, comme devant l’archevêque ; mais il était leur maître ; pourquoi donc aurais-je rougi ?…

Comme la petite vérole m’avait si fort changé, que mon frère assurait qu’il ne m’aurait pas reconnu, on me fit aller devant, afin que j’entrasse seul. Il fallait que je fusse dans un excellent accès de sociabilité, car je me prêtai, quoique gauchement, à la plaisanterie. J’eus, en cette occasion, une preuve de l’horrible atteinte que le fléau Arabique avait portée à ma joliveté ! Ma sœur me regarda froidement, en