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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/52

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maîtres. On courait dans les champs, on montait la colline, ou l’on descendait à Gentilly, sur les bords de la Bièvre. Une fois la semaine, le jeudi, nous avions la demi-journée, et l’on allait à une maison de campagne, à Vitry, dont Fusier avait fait l’acquisition, en la destinant à sa petite communauté. Nous avions là un vaste jardin, des légumes avec lesquels on nous donnait un excellent diner, que nous trouvions prêt à notre arrivée, et des fruits de toute espèce. On apportait notre ordinaire de la maison ; mais il était remis au jardinier, arrangé depuis longtemps avec des familles, qui le prenaient pour des œufs et du laitage. Une chose qui nous faisait respecter, c’est que nous avions un joli oratoire, où nous disions nones et vêpres. En hiver, nous étions rentrés à cinq heures, et nous continuions notre récréation à la maison ; l’on y jouait, on causait, on lisait : c’était ce dernier parti que prenaient les plus sensés, que j’imitais ; mon éducation Saxiate[1], indépendamment de la Janséniste, m’avait donné le goût du travail, et fait connaître le prix du temps. À toutes les récréations, frère Edme s’occupait d’ouvrages mécaniques, dont quelques-uns étaient admirables, vu le manque de moyens. Cette belle règle avait été établie par Fusier, qui était réellement un homme de mérite. Je ne prétends pas dire qu’elle ne fût peut-être trop appliquante pour des enfants : mais qu’on examine la sage

  1. De Sacy, son pays natal. (N. de l’Éd.)