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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/81

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fait : — « Vous avez raison ! ma grande, » dit-il, comme en sortant d’un rêve, « et je m’étonne de ne pas y avoir pensé ! Mais Nicolas y pensait pour nous deux, car il ne s’est pas mis à genoux… En effet, il me semble que j’ai vu quelque chose de mondain et d’arrogant dans son maintien. Il s’étalait comme un paon. Ce n’est pas comme ça que faisaient les Apôtres, n’est-ce pas ?… Mais il me vient pourtant une idée : je crois qu’il est honorable d’avoir perdu sa place, par le moyen d’un prélat aussi éminent. — Oui, » dit Marie, « comme il le serait d’avoir la tête coupée, en vertu d’un arrêt que le Roi aurait signé. — Elle a de l’esprit ! » dit-il en me regardant ; « on a de l’esprit, dans votre famille, surtout les aînés ! Il faut tâcher de ne pas dégénérer, petit compère Nicolas ! »

Je n’avais rien à faire chez ma sœur ; il y avait quelques livres, que je dévorai ; entre autres la Cour sainte, du P. Caussin, et un livre de morale, intitulé, je crois, Miroir des Passions. Ces deux livres venaient de la famille de M. Beaucousin ; ils étaient anciens, mais propres ; il ne les avait jamais lus, de peur de les gâter. J’eus achevé les trente volumes de sa bibliothèque, en dix jours ; et comme je lui en demandais d’autres, il me répondit comme un homme qui aurait eu trois mille volumes. « J’en ai plus que vous n’en lirez. » Et il m’en apporta deux. — « J’ai lu cela. — Ici ? — Ici., » Il me présenta successivement tous les autres : même réponse