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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/83

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m’enchantèrent au point que, pendant huit jours, je ne désirais rien au delà de ce livre ; mais il n’y eut pas moyen de le ravoir : Beaucousin, remontré par sa femme, devenait plus sévère qu’elle. Mais j’eus un dédommagement, à peu près comme celui des grand’fêtes, auxquelles on nous fermait les spectacles.

Depuis que j’étais à Paris, je voyais avec le frémissement du désir les jolies personnes qui venaient chez ma sœur. On ne savait pas comme j’étais aguerri, surtout depuis mon aventure avec les deux jeunes secrétaires ! Une femme mariée, nommée Mme Bossu, voluptueusement parée le 8[1], m’avait mis hors de moi, et je l’avais ardemment embrassée chez elle, avant qu’elle eût de la lumière. Je m’aperçus qu’elle était tentée : mais enfin elle me repoussa en me disant : « Si vous n’êtes pas sage, je le dirai à votre sœur. » Elle ne dit cependant rien, malgré une longue lutinerie… Mais celle qui me causa une plus vive sensation, parce que c’était un objet nouveau, ce fut une jeune et jolie noire, femme de chambre d’une Américaine, dont l’air de douceur était le plus séduisant que j’aie vu de ma vie. Elle s’aperçut aisément qu’elle me plaisait. Un jour, que j’étais seul à lire (c’était le trait d’Emma que je recommençais), elle entra chez ma sœur et vint lire sur mon épaule. Un divin sourire, que sa

  1. 8 Décembre, fête de la Conception (voir page 69). (N. de l’Éd.)