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Page:Restif de la Bretonne - Monsieur Nicolas, t. 2, 1883.djvu/90

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Je fus bien reçu de mon frère aîné parrain ; le bon chapelain Foynat me fit mille amitiés. On me dit que je resterais à Courgis, pour apprendre sous mes frères les principes du Latin, et que de là j’entrerais au séminaire sous M. Viel, chanoine et supérieur. Cette expectative me flattait pour lors, car ma timidité sauvage ne s’étendait pas jusqu’à me faire désirer de rester ignorant. L’abbé Thomas devait passer quelques jours au séminaire, afin d’y recevoir les mineurs[1]. Il n’arriva que le lendemain des Rois. Sa présence changea quelque chose dans la bonne volonté de M. le curé, qui ne me regarda plus qu’avec indifférence, soit que son puîné m’eût desservi pour des causes que j’ignore, soit que ce fût un effet de ses dispositions naturelles. Cependant on me fit commencer l’étude du Latin, après que nous eûmes rendu visite à mon père et à ma mère.

1748Je palpitais de joie, en partant. En arrivant sur le territoire de Sacy, après avoir passé Laloge, mes regards se portèrent sur le canton appelé les Corbiers, sans doute parce que ces arbres le couvraient autrefois ; leur fruit grossier est très agréable aux paysans, qui en faisaient une sorte de piquette ou boisson, appelé sorbet, en usage avant que les vignes, très modernes à Sacy, fussent plantés. Je sentis, à la vue de ces cantons, un recueillement profond ; mais je ne m’attendais pas à l’attendrissement que j’allais éprouver. Je parlais auparavant :

  1. Les quatre Ordres mineurs. (N. de l’Éd.)