Aller au contenu

Page:Retté - Réflexions sur l’anarchie. Promenades subversives.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
− 8 −

La méthode démocratique tourne la question. Elle aboutit à la théorie des moyennes et partant à la médiocrité, cette tortue aveugle ! Elle vante le juste milieu ; mais son juste-milieu est un paillasse balourd sur une corde roide ; son balancier l’entraîne à droite et à gauche et il finit toujours par se casser le nez. Lorsque la méthode démocratique renie le juste-milieu, c’est pour préconiser la suprématie du grand nombre − d’où oppression de la minorité par la majorité. Cette méthode verse, en dernier ressort, dans la fiction qu’un individu peut représenter les intérêts de plusieurs individus. Si un grand nombre d’individus abusés délèguent à l’un d’entre eux le pouvoir de les représenter, ceux qui préféreraient ne pas être représentés du tout ou être représentés par un autre sont lésés − on vole la personnalité des premiers, on écrase les seconds.

Ainsi, dans tous les cas, force brutale, ruse ou dol : tels sont les cercles vicieux où tourne l’humanité tant qu’elle est gouvernée.

L’anarchiste voit plus haut. Il dit : « La seule autorité que je réclame est de moi-même sur moi-même ; le seul droit, celui de satisfaire librement mes besoins et de développer librement mes fonctions ; le seul devoir que je reconnaisse : ne pas faire à autrui ce que je ne voudrais pas qu’on me fît à moi-même. »

La première proposition intéresse l’individu ; la deuxième intéresse l’individu et l’espèce ; la troisième surtout l’espèce.

Cette autorité de soi-même sur soi-même ne peut s’acquérir que par le développement intégral des fonctions