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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/127

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D I A L O G V EI.

la France, l’autre, de ceux qui y ſont demeurez. Ceux qui ſont ſortis, ſe ſont retirez en Suyſ‍ſe, en Allemagne, en Angleterre, & és Iſles qui luy ſont ſuiettes. A ceux-cy le Roy ne touche que par letres, meſ‍ſagers, & autres menees : taſchant (comme bon pere de famille qui a ſoin de ſes enfans) de les faire reuenir en lieu où il les puiſ‍ſe trouuer quand il voudra : pour la pitié qu’il a des diſettes & neceſsitez qu’ils endurent eſ‍tans hors de leurs maiſons, eſquelles il deſire (ce diſent ſes letres) qu’ils reuienent, pour pouuoir iouyr de leurs biẽs en ſe conformant à ſa volonté, & faiſant ce qu’il commandera. Ceux qui ſont demeurez en France, outre les morts, ſont de diuerſes conditions. Les vns ſe ſont retirez dans des villes fortes, comme vous diriez dans Montauban, Sancerre, Nyſmes, la Rochelle & dans certaines autres villes. Contre ceux-cy le Roy a enuoyé ſes freres pour les exterminer s’il le peut faire : pource qu’ils n’õt pas voulu laiſ‍ſer entrer dans les villes où ils ſont, ceux qui y alloyent pour les tuer de par le Roy, & qu’ils leur ont fermé les portes.

Ali. O poures gens ! leur condition ſera elle donques pire que des beſ‍tes, à qui nature apprent de ſe conſeruer, les armant en diuerſes ſortes pour leur deffence ? ſeront-ils pirement traic‍tez que l’eſclaue, à qui outre le droic‍t de nature, celuy des gens, voire la loy ciuile, permet de fermer l’huis au nez de ſon maiſ‍tre, s’il cognoiſ‍t qu’il le vueille tuer ?
L’hift. Ie ne ſcay qu’en dire : mais ſur toutes les

villes, il en veut à celle de la Rochelle.

F