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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/152

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D I A L O G V EI.

dre le faix ſur eux.
Mais voyons le traic‍t qu’a faic‍t Monſieur frere du Roy, & la Royne ſa mere, en ceſ‍te tragedie de Paris. Le ſamedi au ſoir, deuant le Dimanche du maſ‍ſacre, ils vindrẽt tous deux trouuer le Roy : lls luy remonſ‍trent, ils le prient qu’il haſ‍te l’execution de leur entrepriſe : ils ſcauoyent bien que ſi ceſ‍te occaſion ſe perdoit, qu’ils ne la recouureroyent iamais telle, comme ils l’auoyent lors ſur les Huguenots : qu’ils les tenoyent tous dans le filé qu’il leur auoit promis : que le moyen que ils auoyent tant de fois tenté (mais en vain) de les exterminer, eſ‍toit tout preſ‍t & preſent : qu’il ne falloit donc plus ſonger, qu’il eſ‍toit temps de s’en reſoudre : que le roy d’Eſpagne (ſi les affaires du prince d’Orenge alloyent mal, comme ils ſembloyent decliner depuis la route de Genlis) ſcauroit bien tout à temps ſe venger ſur la France, du mal qu’il auoit receu par ſon moyen & ſupport en ſes eſ‍tats du pays bas. Partant le ſupplioyent qu’il y fiſ‍t mettre la main à bon eſcient & ſoudainement, dés ce ſoir la ſans plus tarder : qu’ils auoyent donné ordre auec le duc de Guyſe, le duc d’Aumale, le duc de Neuers, & le comte de Rets, que toutes choſes fuſ‍ſent preſ‍tes & diſpoſees. Que ſi le Roy vouloit retarder plus longuement l’execution, la Royne ſa mere le prioit auec larmes, & ſon frere fort affec‍tueuſement de leur donner congé, en recompenſe des ſeruices qu’ils luy auoyent faits : qu’ils eſ‍toyent reſolus de ſe retirer hors de France, & de s’en aller en part où ils n’en

ouyſ‍ſent iamais parler.

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