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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/213

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D I A L O G V EI I.


L’hi I’ay eu de la peine vrayement pour la longueur du chemin, & diuerſité des Regions, par où il m’a conuenu paſ‍ſer. Mais la gayeté de cœur, de laquelle i’ay marché, m’a fait trouuer tout le labeur facile : Quant aux dangers, tu ſcay bien que celuy pour lequel ie marchois eſ‍t bon & fort pour garder ceux qui ſe retirent en ſa garde : auſsi m’a-il tellement garanty que les dangers ne m’ont approché que de bien loin. Le plus d’ennuy que i’ay ſenty, c’à eſ‍té (afin que ie n’en diſsimule rien) les Karhous & autres inſolences ou lon m’a voulu cõtraindre d’entrer par pluſieurs fois en trauerſant les Allemagnes : Les coups de coude pareillemẽt & les brocards de Franche dogues, dont les Anglois vſent ſouuent, conioints auec la vaine & ſuperbe contenance, & autres deſbauches qu’on voit en Angleterre, m’ont merueilleuſement offenſé.

Le pol. Il y auoit aſ‍ſez dequoy ſe faſcher : mais l’ennuy ſeroit grand au double, ſi ces ſottiſes eſ‍toyẽt pratiquees par quelques Chreſ‍tiens & gens de marque. Et ie me doute bien que les Karhous Allemans ne ſe trouuent que parmi quelques vieux yurongnes Papiſ‍tes, és tauernes & hoſ‍telleries où il ſeroit biẽ aiſé de ſe faire ſeruir à part pour fuyr la violence de ces Sacs-à vin. Quant aux cours des Princes & Seigneurs Proteſ‍tans, où tu auois le plus affaire, ie m’aſ‍ſeure que tu n’y as rien veu de ſemblable, ny pareillement parmi les Anglois de bonne eſ‍toffe (ſi leur contenance ne trompe mon iugement) rien que courtoiſie & douceur,

accompagnee de toute modeſ‍tie.

a.iiii.