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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/221

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D I A L O G V EI I.

re, c’eſ‍t pluſ‍toſ‍t temerité que douceur.
L’Angleterre tient (comme l’on dic‍t) le loup par les oreilles, ils ne le peuuẽt tenir long temps, & encores moins le laſcher, que en l’vne & l’autre ſorte il ne leur face beaucoup de mal. Le peril y eſ‍t tout euident, & ia eſ‍ſayé : vouloir encores choquer au meſme eſcueuil où l’on vient de faire naufrage, ce ſeroit à tort, comme dit le prouerbe, qu’on accuſeroit Neptune.
Cela eſ‍t bien certain, que tant que la royne d’Eſcoſ‍ſe y ſera, elle ne ceſ‍ſera de troubler ceſ‍t eſ‍tat, par conſpirations inteſ‍tines : Et ſi elle en eſ‍t vne fois hors (comme Charles de Valois s’eſ‍ſaye iournellement de l’en tirer) par guerre externe.
Il n’y a rien de ſi pernicieux à vn Royaume que d’y auoir vn ſucceſ‍ſeur, ayant des qualitez ſi pernicieuſes à vn eſ‍tat, que la royne d’Eſcoſ‍ſe. Car en premier lieu, C’eſ‍t vn ſucceſ‍ſeur ennemy, elle l’auoit aſ‍ſez monſ‍tré par les guerres paſ‍ſees. Mais en la conſpiration derniere elle a deſcouuert la plus capitale haine qui ſe peut mõſ‍trer.
L’ambition & cupidité de ceſ‍te Couronne, ne luy permet point d’attendre le temps de la ſucceſsion. Elle a autrefois vſurpé le titre & les armes.
A preſent par ceſ‍te conſpiration, elle a monſ‍tré d’en vouloir auoir la poſ‍ſeſsion & la commodité.
Dauantage, elle eſ‍t eſ‍trangere de nation, tellement que l’affec‍tion naturelle, comme ſeroit