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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/243

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D I A L O G V EI I.

ple, en ce faic‍t : y eut-il iamais Princeſ‍ſe plus iniuſ‍tement & tyranniquement retenue priſonniere, plus ſeuerement traitee, plus ſouuent expoſee au danger de mort qu’elle fut par ſa feue ſœur : cõbiẽ qu’elle ne l’euſ‍t iamais offenſee ? Si eſ‍t ce que iamais n’entreprins, ne conſpira contre elle : & quand elle l’euſ‍t entreprins, il eſ‍t ſans doute quelle euſ‍t eſ‍té iuſ‍tement condamnee, combien qu’elle euſ‍t peu pretendre droic‍t à la Couronne. Auſsi Dieu a ouy ſa iuſ‍te plainte, & luy a fait iuſ‍tice de ſa main.
Quand la royne d’Eſcoſ‍ſe auroit eu ſeulemẽt ce but de recouurer ſa liberté, & employer les moyens tendans à s’eſchapper, elle ſeroit excuſable : mais d’auoir voulu vſurper l’eſ‍tat de la royne d’Angleterre & attenter ſur ſa perſonne : c’eſ‍t biẽ indignement recognu, ce que la royne d’Angleterre a fait en ſon endroic‍t. Elle a eu puiſ‍ſance ſur la royne d’Eſcoſ‍ſe, ſur ſa vie, (il eſ‍t certain) ſur ſon eſ‍tat. Les occaſions en ont eſ‍té ſi propres, ſi ſouuent par tant de guerres ciuiles & partialitez qui ſont en ce Royaume-là, qu’il n’y a homme qui par diſcours humain ne le recognoiſ‍ſe : ſi eſ‍t-ce qu’elle n’a voulu iamais attenter ſur ſa vie, ny la liurer és mains de ceux qui la vouloyent faire iuger par les eſ‍tats : encores moins faire entreprinſe ſur le Royaume. Mais au contraire elle a taſché par tous moyens à le pacifier & le conſeruer pour ſon fils : toutefois à preſent elle luy rend tout le contraire.
Ce que l’on peut alleguer pour attirer à clemence

la royne d’Angleterre à pardonner ce fait,

c.iii.