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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/250

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D I A L O G V EI I.

droic‍te, & ſincere. N’apporter haine, ny paſsions à ce iugemẽt : ains cerchant la verité, deſirer puſ‍toſ‍t trouuer l’innocence, que la coulpe. La coulpe eſ‍tant verifiee, auoir compaſsion du malheur auquel le coulpable eſ‍t cheu : Mais auoir vne balance, & meſure iuſ‍te à ceſ‍te pitié, qui eſ‍t, comme la haine particuliere, ne doit iamais nuire au public, aufsi la particuliere amitié, ou commiſeration, ne doit iamais faire contrepoids, à la pitié que le prince doit auoir, de la ruine publique, & generale de ſon Royaume : & encores moins, au zele qu’il doit à la conſeruation, & amplification du regne de Dieu.
Le Prince qui refuſe la iuſ‍tice à vn ſien ſuiec‍t, eſ‍t coulpable deuant Dieu, à plus forte raiſon celuy qui la refuſe à tous ſes ſuiets d’vn coup, & notamment à ceux deſquels on ſcait que leur mort eſ‍toit iuree par ceſ‍te conſpiration : leſquels (à ce que i’ay entendu) ſont des plus illuſ‍tres de ſon Royaume. Et qui par les fideles ſeruices qu’ils ont fait à la royne d’Angleterre, meritent qu’elle leur oc‍troye, ce qu’elle doit au moindre de ſes ſuiets, qui eſ‍t la iuſ‍tice des machinations qu’on fait contre leurs vies.
 Il eſ‍t certain qu’il n’y a fidele ſeruiteur de la royne d’Angleterre qui n’aye fait, & deu faire tous les offices qu’il a peu, de deſcouurir, accuſer, & cõdamner (chacun ſelon ſa vocation & qualité) vne ſi malheureuſe conſpiration, & qui par là ne ſoit expoſé, à la haine de tous les conſpirateurs, & de leurs complices : & plus ils y auront fait leur deuoir,

plus ils en ſeront hays de ceux qui ſont les

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