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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/287

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D I A L O G V EI I.

pille, & le Paſ‍teur à vn troupeau : non pas le pupille au Tuteur, ou le troupeau au Paſ‍teur. Il falloit donc qu’il y euſ‍t quelques aſ‍ſemblees & troupes d’hommes deuant la creation des Magiſ‍trats. Encores peut-on bien trouuer auiourd’huy vn peuple ſans Magiſ‍trat, mais nullement vn Magiſ‍trat ſans peuple : C’eſ‍t donc le peuple qui a creé le Magiſ‍trat & non le magiſ‍trat le peuple : qui a, dis-ie, creé les premiers magiſ‍trats d’vn commun conſentement, pour la neceſsité qu’il ſe ſentoit auoir pour ſa conſeruation d’vn tel lien & conduite.
Aucuns peuples ont creé des Princes ſur eux, pour eſ‍tre gouuernez & regis en ceſ‍te façon ou en l’autre, tellement toutesfois qu’il demouroit touſiours par deuers le peuple vne bonne portiõ de la puiſ‍ſance & anthorité. On voit cela en l’eſ‍tat Democratique, auquel aucuns eſleus en ceſ‍te charge demandent les auis & recueillent les voix du peuple, n’oſans au reſ‍te rien ordõner ſans ſon conſentement. Ceux-cy ſont appelez Magiſ‍trats populaires.
Autres y en a, qui ayans mieux aimé le gouuernement Ariſ‍tocratique, ont choiſi & eſleu vn certain nombre des meilleurs de leurs citoyens, auſquels ils ont cõmis toute la conduite de leur eſ‍tat & choſe publique.
Ceux qui ont plus priſé le gouuernemert d’vn ſeul, l’ont eſleu & eſleué ſur eux pour les gouuerner & conduire comme Monarque & ſouuerain. Mais il ne ſe trouuera iamais, qu’il y ait eu vn peuple

ſi ſot & mal aviſé, qui ait eſleué vn magiſ‍trat

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