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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/297

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D I A L O G V EI I.

tre eux deux eſ‍t mutuelle & reciproque. Le ſemblable eſ‍t d’entre vn Roy & ſes fuiets, qui luy sõt comme vaſ‍ſaux.
Chacun ſcait combien la puiſ‍ſance des Seigneurs, ou maiſ‍tres enuers leurs ſerfs & eſclaues eſ‍t grande : toutefois ſi le Seigneur ne prouuoit & ſubuient au ſerf en ſa maladie, le ſerf ſans autre manumiſsion eſ‍t declaré libre par la loy : laquelle n’a eſ‍té ordõnee qu’à celle fin que ceux qui ont quelque authorité & puiſ‍ſance n’en vienent point a abuſer.
La condition des ſuiets ne doit pas eſ‍tre pire que celle des ſerfs. Que ſi le ſerf eſ‍t fait libre, quand ſon Seigneur abuſe de ſon pouuoir, pourquoy ne ſera-il le ſemblable des ſuiets ?
Les Suiſ‍ſes, deſquels nous parlions n’agueres ſe ſont ſouſ‍traits, comme les hiſ‍toires en font foy de la ſuietion & obeiſ‍ſance de la maiſon d’Auſ‍triche, à laquelle ils s’eſ‍toyent obligez ſous certaines conditions :pource que la maifon d’Auſ‍triche ne les daignoit accomplir de ſa part. Ainſi ſont ils auiourd’huy libres, ayans ſecoué, non pas abbatu l’Empire de celle maiſon : laquelle cependant cognoiſ‍ſant ſa grand faute à approuué leur ſubſ‍trac‍tion & reuendication de leur liberté.
Quant à nos poures freres de la Rochelle, s’eſ‍tans autresfois diſ‍traits de la ſuietion des Anglois, ils ſe ſousmirent au Roy de France ſous certaines conditions, que Froiſ‍ſard recite en ſon hiſ‍toire.