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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/324

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D I A L O G V EI I.

l’annee auparauant ils auoyent commandé en chef.
Quintus Fabius ayant eſ‍té Cõſul marcha gayement ſous ſon frere Marcus Fabius. Et Manlius Conſul en vne armee contre les Thoſcans, ne refuſa de ſe trouuer en la bataille commandé de ceux qui luy auoyent obei. C’eſ‍toit vn ordinaire à Rome que celuy ne deſdaignoit pas d’accepter la petite charge qui auoit exercé la plus grande.
Et combien que cela ne ſemblaſ‍t pas honorable pour le priué, ſi eſ‍toit-il bien fort vtile pour le public : car à la verité dire vne Republique ſe doit beaucoup plus aſ‍ſeurer & eſperer d’auãtage és deportemens d’vn citoyen qui d’vn grand degré deſcend volontiers au bas ou mediocre, que non pas de celuy qui ne taſche qu’à monter & à deuenir grand. A vn tel on ne ſe peut guere bien raiſonnablement fier s’on ne l’accompagne touſiours de gens de tel reſpec‍t, de telle vertu & reputation qui peuſ‍ſent par vn graue & prudent Conſeil & par leur autorité moderer le deſir de nouuelleté & de remuement qui ſe pourroit facilement loger dedans le cœur & cerueau d’vn tel homme.
Le pol. Il eſ‍t ainſi. Et auſsi nos freres eſperent que la Nobleſ‍ſe fille naturelle & legitime de la vertu & prudence, qui a ſa vraye ſource de la crainte de Dieu, ſe lairra tellement conduire au deſir qu’elle a de voir le regne de Dieu auancé, & l’Egliſe conſeruee, qu’elle fera fort aiſément tout ce qui

pourra appartenir au bien d’vn ſi precieux ſerui-

ce &