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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/330

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D I A L O G V EI I.

Le pol. Cela n’eſ‍t que trop veritable : Or ces raiſons & exẽples auec quelques autres ſemblables, qui furent amenez, ont eſ‍té cauſe que nos freres de Niſmes ſe ſont reſolus, comme ie t’ay dit, d’eſ‍tablir ceſ‍t ordre parmi eux. Sachans l’auantage qui leur en peut reuenir, & le bien que la creatiõ des Tribuns du peuple (qui eſ‍toyent les gardiens de la liberté ciuile & qui pouuoyent à vn beſoin former les proces aux plus grands) à apporté à l’anciene Rome du temps d’vn Martius Coriolanus & autres ſemblables eſprits qui eſ‍toyent retenus en crainte par l’authorité d’vn tel magiſ‍trat.
Quant au 23 article, ce qui le leur a fait approuuer a cité la ſouuenãce qu’ils ont des desbauches & licence à mal faire que la pratique contraire à cauſé par cy deuant en leurs armees, & en leurs villes & retraites. Si d’auenture il aduenoit qu’vn gentilhomme, vn capitaine ou ſoldat qui euſ‍t fait quelque force, larcin, meurtre, ou autre telle veillaquerie fuſ‍t condamné à mourir, a eſ‍tre harquebouzé, ou à paſ‍ſer par les piques. Si ceſ‍tuy là meſmes auoit fait quelque bon ſeruice auparauant, il n’y auoit pas faute de quelques fauoriz des grãs qui venoyẽt ſoudain aux requeſ‍tes interceder enuers le chef pour la vie du cõdamné, qu’ils diſoyẽt eſ‍tre bon ſoldat, ou quelque braue gentilhomme, qu’il eſ‍toit bien à cheual, qu’il tiroit bien l’arquebouſade, que c’eſ‍toit grand dommage de le faire mourir, & autres ſemblables remonſ‍trances, voire bien ſouuent remonſ‍trances de ce qu’il n’auoit iamais fait, par ceſ‍t artifice ils importunoyent tellement

le chef qu’ils ſe faiſoycnt donner le crimi-

nel