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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/333

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D I A L O G V EI I.

qui combattent de gayeté ou pluſ‍toſ‍t de malice de cœur ſans y eſ‍tre contraints, & fera qu’à la fin perſonne ne voudra venir à la guerre, ou porter armes contre nous quelque commandement que le tyran leur en face, nous voyans ainſi reſolus. Deſia y en a-il beaucoup qui ſe tienent bien loin des coups & tirent leur eſpingle arriere, aimans mieux eſ‍tre reputez couard & recreus, que fols & meſchans tout enſemble, en ſe faiſans battre à credit. Surquoy ie te veux dire vn trait, qui paſ‍ſe encores bien plus outre, du ieune Candole, que tu cognoiſ‍ſois beau-frere de ceux de Montmorency. Eſ‍tant en l’armee que le mareſchal Danuille auoit aſ‍ſemblé deuant Sõmieres que les noſ‍tres tenoyent, & qu’ils ont rendu à la fin, ſous honneſ‍te compoſition, que Danuille a gardee aux noſ‍tres, dont le tyran ne luy ſcait point de gré. Eſ‍tãt dis-ie là au camp ce ieune ſeigneur de Candole, & voyant tant de ſeigneurs, capitaines, gentilhommes & ſoldats que les noſ‍tres faiſoyent mourir en ſe deffendant vaillammẽt, il a dit & beaucoup de fois à ſon beau-frere Danuille en iurant & blaſphemant : hé que nous ſommes fols mon frere de nous faire ainſi bleſ‍ſer, battre, meurtrir & tuer à l’appetit de ces meſchans (parlant du tyrã, de ſa mere, de ſes freres & conſeillers) qui nous ont meurtri nos parens, nos amis & nos alliez ! Et qui nous payeront auſsi quelque iour en meſme monnoye.
L’hi. Ce trait vaut bien qu’on s’en ſouuiene : Cãdole auoit bon iugement. Mais qu’eſ‍t il deuenu le poure homme ?