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Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/75

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D I A L O G V EI.

tenoyent coy, chacun en ſa vocation, comme ſi iamais auparauant on ne leur euſ‍t fait tort ou deſplaiſir. Le Roy Charles mõſ‍troit de ſa part, vouloir que ſon Edic‍t fuſ‍t de poinc‍t en poinc‍t obſerue : iurant bien ſouuent par la mort, & par le ſang, qu’il le feroit entretenir : qu’il ne croiroit plus ce qu’on luy auoit voulu faire entendre, que les Huguenots le vouluſ‍tent tuer, qu’ils luy eſ‍toyẽt trop bons ſuiets, pour attenter telle meſchanceté. Mõſieur, frere du Roy ne ſe pouuoit de tant commãder, que de monſ‍trer tant ſoit peu d’enuie, que les Huguenots iouiſ‍ſent de quelque repos aſ‍ſeuré : au contraire, il faiſoit ouuertement paroiſ‍tre, le peu de plaiſir qu’il y prenoit : iuſques là, que le Roy & luy, s’en faiſoyent mauuaiſe chere, pour la diſcrepance qu’ils monſ‍troyẽt auoir en leurs volontez. Ceux que le Roy aimoit, ſembloyent hays de Mõſieur : ceux que Monſieur aimoit, n’eſ‍toyẽt en apparence guere biẽ veus du Roy : duquel pluſieurs (voyans les Huguenots entrer en credit) diſoyẽt tout haut, qu’ils luy auoyẽt deſrobé le cœur. Mais pour ce qu’en plusieurs endroits du Royaume on leur faiſoit des torts & iniures, la royne de Nauarre, les prĩces de Nauarre & de Cõdé, & auec eux l’amiral, enuoyerẽt vers le Roy, quatre gẽtilshõmes ſignalez : ſçauoir eſ‍t, Briquemaut le pere (anciẽ ſeruiteur du Roy, & des vieux Capitaines de la Frãce) Teligny gendre de l’Admiral, la Noue, beau-frere de Teligny, & Cauagnes Conſeiller au parlement de Thoulouſe : pour faire entendre à ſa maieſ‍té, les torts qu’on faiſoit à ceux de leur religion, contre l’intention expreſ‍ſe de ſes Edic‍t : le