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Page:Revon - Anthologie de la littérature japonaise, 1923.djvu/263

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PÉRIODE DE KAMAKOURA

4e année de l’ère Jishô[1], il y eut un grand typhon, qui se produisit dans le quartier de Nakanomikado Kyôgokou[2], et qui souffla avec violence jusqu’à la Sixième avenue[3]. Sur un espace de trois ou quatre tchô[4], pas une maison, grande ou petite, qui ne fût détruite par ce tourbillon. Quelques-unes furent aplaties sur le sol ; d’autres ne conservèrent que les piliers et la charpente du toit ; parfois, les dessus des portes furent arrachés et transportés à une distance de quatre ou cinq tchô ; et, les clôtures ayant été emportées, les propriétés voisines se trouvèrent réunies[5]. Il va sans dire que les objets sans nombre que contenaient les maisons furent enlevés au ciel, tandis que les bardeaux et autres planchettes des toits étaient dispersés comme les feuilles d’hiver au vent. La poussière étant soulevée comme de la fumée, les yeux ne voyaient rien ; le bruit étant intense, on n’entendait pas la voix de qui parlait ; et l’on pensait que même le Tourbillon de l’Enfer[6] ne pourrait être plus terrible. Non seulement les maisons furent détruites, mais quantité de gens furent blessés, ou devinrent perclus pendant qu’on réparait leurs habitations. Ce vent s’éloigna enfin dans la direction Chèvre-Singe[7], et y fit encore le malheur de beaucoup d’hommes. Certes, le typhon est chose assez fréquente, mais il ne souffle pas d’aussi étrange façon ; et on se demanda si

    l’expression japonaise cachée sous cette écriture étrangère le sens de « lune des deutzies » (mois où fleurit la plante ou, Deutzia scabra, un arbrisseau de la famille des philadelphées dont notre seringa est le type).

  1. 1180.
  2. Dans la partie nord de Kyôto.
  3. Rokoujô. Dans la partie sud.
  4. Ici, sans doute, dans le sens de « quartiers » ; car un tchô, comme superficie, ne représente qu’un hectare. Le mot tchô est employé, avec le même caractère chinois, tantôt comme mesure de longueur, tantôt comme mesure de surface, tantôt dans le sens vague de petite ville, de quartier, de rue, et le contexte ne suffit pas toujours à préciser la pensée de l’auteur.
  5. Tous ces détails sont pris sur le vif. A la suite d’un typhon, à Tôkyô, une des choses qui me frappèrent fut justement de voir les propriétaires de jardins contigus occupés à rétablir leurs limites. — D’une manière générale, on peut regarder ces descriptions de Tchômei comme ne contenant aucune exagération.
  6. Jigokou no gôfou.
  7. Sud-ouest.