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ANTHOLOGIE DE LA LITTÉRATURE JAPONAISE

autres princes, hauts dignitaires, hommes des cent fonctions[1], écoutez tous !

Je dis : Écoutez tous la Grande Purification[2] par laquelle, au dernier jour de la lune humide de cette année[3], je daigne purifier et daigne laver[4] les diverses offenses qui, par mégarde ou à dessein[5], ont pu être commises par ceux qui servent avec respect à la cour du céleste souverain, gens qui portent l’écharpe[6], gens qui portent le cordon appui-bras[7], gens qui ont au dos le carquois, gens qui sont ceints du sabre[8], par les quatre-vingts gens de ces gens[9], et jusqu’aux hommes qui servent avec respect dans toutes les autres fonctions[10].

Je dis : Écoutez tous[11] !

Les chers divin aïeul et divine aïeule du souverain[12], qui demeurent divinement dans la Plaine des hauts

  1. C’est-à-dire : fonctionnaires de tout ordre.
  2. La Purification générale du peuple, par opposition aux purifications locales ou individuelles qui étaient également pratiquées.
  3. Le choix de cette date rappelle les anciennes lustrations du soir de la Saint-Jean, en Europe. De plus, la cérémonie était répétée le dernier jour du douzième mois, ce qui correspond aussi au besoin de renouvellement qu’on éprouve, chez tant de peuples, à cette fin de l’année.
  4. Ainsi, c’est l’empereur qui, par cette formule magique, absout son peuple. Les divinités purificatrices, qu’on verra intervenir plus loin, n’agiront que sur son ordre.
  5. En effet, le mot tsoumi (offense) comprend à la fois des actions mauvaises (comme certaines atteintes à la propriété du voisin), des souillures (comme le contact d’un cadavre) et des calamités (comme la lèpre).
  6. Les ounémé, servantes de l’empereur, parées d’une écharpe sur les épaules.
  7. Les maîtres d’hôtel, qui avaient autour du cou un cordon dont les extrémités s’attachaient aux poignets, pour porter plus aisément de lourds plateaux.
  8. Des gardes du palais.
  9. C’est-à-dire : par les nombreuses gens de ces serviteurs impériaux eux-mêmes. Je reproduis fidèlement le texte, avec toutes ses répétitions de mots ; elles sont d’ailleurs plus heureuses en japonais, grâce à la sonorité de cette langue.
  10. Dans tout le pays et en dehors même de la cour.
  11. Jusqu’ici, le texte constituait un semmyô, un édit impérial. Maintenant, le rituel proprement dit va commencer.
  12. Taka-mi-mouçoubi, « l’auguste Producteur d’en haut », et la déesse du Soleil, c’est-à-dire les deux grandes divinités directrices de la politique céleste.