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Page:Revon - Anthologie de la littérature japonaise, 1923.djvu/83

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SIÈCLE DE NARA

la Plaine des mers ». Elle monte an Pays supérieur et,. sur la rive, • à la limite des vagues », érige une hutte d’accouchement couverte en plumes de cormoran. Mais, avant que ce • chaume » fût « joint », elle met au monde un enfant qui, en raison de ces circonstances, portera le nom d’ « auguste Prince haut comme le soleil do ciel, limite des vagues, brave, chaume de cormorans incomplètement réuni »*. — Au moment de sa délivrance, elle avait prié le divin Prince de ne point la regarder ; mais, cédant à la curiosité, il l’aperçoit sous sa forme native, qui était celle d’un énorme crocodile ; et tandis qu’il s’enfuit, terrifié, elle, couverte de honte, abandonne son enfant, puis, « fermant la limite de la mer 3 », disparaît pour jamais sous les profondeurs. Cependant, du sein de l’Océan, elle lui envoie encore une poésie de regrets, à laquelle il répond par ce chant suprême :

« De tonte ma vie

Je n’oublierai la jeune épouse

Que j’avais prise pour dormir

Sur l’île où se posent les canards sauvages, Les oiseaux de la pleine mer ! »

On nous dit enfin que Feu-baissant vécut 580 ans dans le palais de Takatchiho, et qu’il fut enseveli près de cette montagne fameuse.

XL1II. — LES AUGU8TS8 ENFANT 8 DE L* AUGUSTE CHAUME»DE-CORMORAN8-INCOMPLÉTBBfENT-BEUlfI Le fils de Feu-baissant et de la Princesse marine a été élevé par une sœur de cette dernière, Tama-yori-bimé, « la Bonne-Princesse- Joyau ». Il épouse cette tante maternelle, dont il a quatre enfants. Le dernier n’est autre que Kamou-Yamato-Iharé-biko-no-mikoto, « l’auguste Prince d’Iharé du divin Yamato 3 », c’est-à-dire l’illustre personnage qui sera connu plus tard sous le nom posthume 4 de Jimmou, « Divine 1 . Ama-tsou-hi-daka-hiko-naghiça-také-ou-gaya-fouki-ahézou-nomikoto. — Je donne, par exception, ce nom de 25 syllabes, parce qu’il sera un bon exemple de la manière dont furent baptisés les personnages de la mythologie japonaise.

2. La version du Nihonnghi nous laisse voir plus clairement le sens de ce mythe, qui tend à expliquer « pourquoi H n’y a nul pas* sage entre la terre et la mer ».

3. lharé est le nom d’un village de cette province, 4. Voir p. 274, n. 5. ,

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