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Page:Revue de Paris, 23e année, Tome 6, Nov-Dec 1916.djvu/467

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formidable. C’était comme une réplique dédaigneuse du génie créateur qui tressaille dans les profondeurs des choses…

Il échangea un regard avec Diane Montmaure et, devinant qu’elle avait déjà questionné le soldat, il demanda seulement :

— Vous ne souffrez pas ?

— À part une singulière impression de « fragilité » et une lassitude désagréable… non… je ne souffre pas !

Comme la jeune infirmière, le médecin fut frappé de cette voix plutôt légère que voilée, plutôt lointaine et discontinue qu’éteinte :

— C’est tout simple, — déclara-t-il… – Songez que vous n’avez rien mangé depuis soixante heures et que vous avez perdu du sang… Bientôt, il n’y paraîtra plus.

Il fit un signe discret à Diane. Elle le suivit. Dans le couloir, ils rencontrèrent Louise de Bréhannes et un jeune homme, un interne des Quinze-Vingts :

L’autre aussi est réveillé ?

Madame de Bréhannes fit un signe affirmatif.

— C’était fatal.

Ils entrèrent tous quatre dans le réduit du chef. C’était une petite chambre blanche et ennuyeuse. Des sièges tristes occupaient les encoignures. Elle était à l’abri des microbes et dés rêves :

— Il est presque inutile de vous interroger. — dit le major. avec un sourire résigné ! – Ils ont confirmé tout ce qu’ils avaient dit là-bas.

Louise de Bréhannes et Diane Montmaure se regardèrent.

— Tout ! — fit enfin Louise.

Diane acquiesça d’un signe.

— Est-ce terrible, est-ce consolant ? — murmura Formental, d’une voix creuse. — Je l’ignore. Me voici prêt à tous les mysticismes.

— La religion suffit ! — dit sèchement Louise.

— Je ne crois pas ! — soupira Diane… — Du moins aucune religion définie.

— Ni même aucune croyance, — intervint doucement le jeune interne.

Il était développé en hauteur, avec de longs bras dont il