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Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/113

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L’ÉNIGME DE GIVREUSE[1]


X


— C’est impossible ! — s’écrièrent Pierre et Philippe… — Elle n’a pas disparu !

Leur consternation était plus vive que leur étonnement ; s’ils devinaient le mobile auquel avait pu obéir la jeune fille, ils ne concevaient pas la brusquerie de son acte.

— C’est en effet impossible, — dit Rougeterre… — Valentine n’a pu disparaître ainsi ; elle est probablement sortie de bonne heure et s’est, pour une raison ou une autre, arrêtée en route…

Madame de Givreuse secoua la tête :

— Je l’ai cru comme toi, Augustin… Seulement, elle ne s’est pas couchée ! Elle a dû partir dans la nuit ou de grand matin…

— Voilà qui est plus grave, — dit le comte en épiant les jeunes hommes avec suspicion… — Cette jeune fille m’a de tout temps paru incapable d’une démarche inconsidérée.

Ni Pierre ni Philippe ne cherchaient à cacher leur émotion. Comme il est naturel, lorsque les actes sont subitement en contradiction avec le caractère d’un être, ils craignaient les pires accidents, et même le pire de tous, irréparable…

— Elle a dû au moins laisser une lettre, — reprit Rougeterre, impatienté par le silence des autres.

  1. Voir la Revue de Paris du 1er et du 15 décembre 1916.