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Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/137

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Mais Pierre ne dit pas ce qu’il avait résolu de dire.


Philippe ressentait une grande lassitude, une courbature morale, et il n’avait d’autre consolation que la petite fille recueillie dans le bois inconnu.

— J’oubliais, — reprit Pierre avec insouciance, — de te montrer ceci… que j’ai reçu ce matin…

Il avait pris un billet dans son portefeuille et le tendait à Philippe.

Philippe lut :


« Cher ami,

» Je vais bientôt partir pour un très long voyage. Peut-être viendrez-vous me dire adieu aux Glaïeuls où je serai pendant quelques jours, pour mes amis.

» Le meilleur souvenir de

» THÉRÈSE DE LISANGES »


Ce billet intéressa Philippe.

— Il est naturellement impossible que j’y aille, — remarqua Pierre.

— Alors j’irai, — dit Philippe.

Pierre le regarda avec ébahissement.

— Sous ton nouveau nom ?

— Sans doute… et de ta part.

— Elle croira que c’est…

— Elle croira ce que je lui dirai. Je pressens que, déjà, elle doit savoir quelque chose… Elle a toujours su se renseigner.

Pierre eut le geste qui exprime l’indifférence.


Philippe se rendit aux Glaïeuls le lendemain. C’était un petit manoir, tout enveloppé de jardins.

Une servante vague, aux yeux dormassants, l’introduisit dans un salon aux boiseries hautes, aux vieux meubles normands, pleins de force. Après un moment, une jeune femme surgit, fascinante et complexe. Sous une fine couche de