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Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/408

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Une teinte rosée envahissait les joues mates. Philippe vit passer dans les yeux éclatants cette lueur d’incendie qui, jadis, précédait leurs étreintes… Le passé s’incarna dans le présent et Philippe, perdant la tête, avança les bras pour saisir la jeune femme. Deux petites mains à la fois se joignirent aux siennes et le continrent, tandis qu’une voix volontaire chuchotait :

— Non !… Vous m’êtes cher, Philippe… Mais je ne vous aime pas encore !


XVI


Le docteur Savarre revenait de sa clinique lorsqu’on lui remit la carte d’un visiteur, accompagnée d’une lettre. Le nom lithographié sur la carte, inconnu à Savarre, prenait pourtant une signification intéressante à cause de l’adresse qui le suivait : « Château de Grantaigle. »

— Ce n’est pas là une carte de domestique… Et le préparateur est mort.

Il regarda la lettre et ne l’ouvrit pas tout de suite ; il aimait à exercer sa divination :

— S’il n’était pas mort ?

Enfin, il décacheta l’enveloppe et lut :


« Monsieur,

« M. Charles Gourlande est le préparateur ou plutôt le collaborateur dont je vous ai parlé lors de votre visite. À ce moment, il avait disparu et, par erreur, on l’avait rayé du nombre des vivants. Il pourra vous renseigner infiniment mieux que je ne le pourrais moi-même : de plus, il sait exactement quelles sont les découvertes que mon oncle voulait cacher aux hommes, parce qu’il les jugeait néfastes, sinon pour toujours, du moins pour notre génération et la suivante.

» Vous pouvez faire confiance à M. Charles Gourlande : il n’existe pas de plus honnête homme.

» Veuillez croire, monsieur, à mon sincère dévouement.

» ABEL DE GRANTAIGLE