Page:Revue de Paris, 24e année, Tome 1, Jan-Fev 1917.djvu/422

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dualisé et partiellement indissoluble. Les autres formeraient un corps plus ou moins coordonné mais soumis à une dissolution intermittente pendant la vie terrestre et à une dissolution totale après la mort. Au contraire, l’être relativement indissoluble ne perdrait jamais qu’une part intime de ses éléments et même s’accroîtrait, avec une lenteur infinie, si j’ose ainsi dire.

— Comment l’entendez-vous ? L’accroissement très lent serait-il compensé par les déperditions très lentes ?

— En partie. L’accroissement dépasserait la déperdition.

— Donc le développement d’un être pourrait tendre vers l’infini ?

— Pas plus que certaines séries mathématiques, qui croissent sans limites mais ne peuvent dépasser une somme déterminée. L’indissolubilité relative conçue par mon maître était au reste d’une nature particulière. Les différents êtres qui composent l’être indestructible pourraient être plus ou moins éloignés les uns des autres, sans cesser d’être étroitement unifiés : par suite l’être total subirait tantôt des dilatations, tantôt des contractions : il aurait une étendue variable selon les milieux où il évolue…

— Je comprends mal, — fit Savarre… — l’être total et les êtres qui le composent sont-ils matériels ?

— Selon mon maître, la matière, l’énergie, l’esprit ne seraient que des conceptions humaines… il n’admettait que des existences. Je tâcherai de vous expliquer cela plus tard[1].

— Soit. Mais, après la mort, que devient la partie relativement indissoluble de l’homme ?

— Elle retourne dans le monde nébulaire. Je suppose qu’elle peut, au cours de son évolution éternelle, reformer souvent des êtres analogues aux êtres terrestres.

— Comment concilier cela avec le dédoublement de Pierre de Givreuse ? Une part de Pierre était indissoluble par définition.

— Aussi bien, si les hypothèses de mon maître expriment une réalité, cette part n’a pas pu se diviser. Elle s’est coor-

  1. Il est possible que la théorie de Grantaigle soit développée par nous dans un article ou une brochure, sous ce titre : Théorie nouvelle de l’Immortalité.