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LA REVUE DE PARIS

une pensée de conciliation, d’équité, de justice, il faudrait admettre pour chacun des trois groupes l’égalité de représentation.

Aussi bien, dans les circonstances actuelles, une pareille affaire ne saurait se traiter avec une rigueur mathématique. C’est une question de convenances et non point de chiffres. Ce régime nouveau durera ce qu’il pourra, c’est-à-dire aussi longtemps qu’il répondra aux besoins et aux circonstances. Le jour où le développement de la Tunisie exigera des changements, on pourra les faire avec la même facilité qu’aujourd’hui. C’est là, — il n’est pas inutile de le répéter, — un des avantages de ce régime du Protectorat qui, par la double nature de ses institutions, autocratie musulmane et suzeraineté française, présente le double avantage d’une souplesse, d’une mobilité indéfinies, et, en même temps, d’une stabilité inébranlable.

Mais le Protectorat n’a pas que ce mérite et les récents événements contiennent pour les Tunisiens un enseignement qui ne saurait être perdu. Pour leur faire apprécier la valeur du régime dont ils jouissent, il a fallu que, peut-être un peu par leur faute, la stabilité en fut compromise, et l’existence du Protectorat mise en péril. Menacés du « rattachement », ils en ont pu prévoir et mesurer les conséquences. La réflexion leur a fait comprendre combien il était imprudent de donner prise à « l’impérialisme colonial », en faisant appel contre le Protectorat aux influences politiques de la Métropole. La Tunisie possède en elle-même tous les instruments pour gérer ses affaires au mieux de ses intérêts. Qu’elle gère elle-même ses affaires, en se souvenant que son régime représentatif doit être et demeurer avant tout une gestion d’intérêts.

eug. bonhoure.

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