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ment, se porta contre le piton G, extrême gauche de la position russe, et l’enleva à la baïonnette après un sanglant combat.

La 3e division avait de son côté commencé sa marche d’approche pendant la nuit. Un pareil mouvement, toujours difficile, l’était particulièrement sur le terrain très spécial qu’il fallait parcourir dans l’obscurité. Les fantassins avançaient dans leur formation de combat, c’est-à-dire sur plusieurs lignes déployées, échelonnées en profondeur ; la direction était à gauche, les lignes successives devant rester perpendiculaires à la voie ferrée et conserver rigoureusement leur alignement. Le fouillis inextricable du gaolian constituait un obstacle très sérieux. Aussi, un peu avant l’aurore, la première ligne ne se trouvait encore qu’à hauteur de Kheinioutchouang, entre ce village et le remblai du chemin de fer. Elle s’arrêta et creusa de suite des tranchées-abri pour se trouver protégée, au lever du jour, contre l’artillerie russe, éloignée de 2 300 mètres. Les bataillons disposaient à cet effet des outils du sac (analogues aux nôtres) et des outils du bataillon, portés par quatre chevaux de bât du train de combat.

Aux premières lueurs de l’aube, à cinq heures et demie exactement, le duel d’artillerie commença sur toute la ligne. Les batteries de montagne japonaises étaient groupées sur les hauteurs ; les batteries de campagne, au contraire (qu’on avait renforcées de plusieurs batteries provenant de la brigade indépendante), se trouvaient éparpillées dans la plaine, en arrière de l’infanterie. Elles procédaient également à un tir indirect et se dissimulaient derrière le gaolian, presque toutes dans le voisinage des villages. Cette disposition procurait un meilleur abri aux attelages rassemblés derrière les maisons ; de plus, les arbres qui entourent les habitations offraient d’excellents observatoires aux officiers chargés de régler le tir des pièces. Les batteries d’obusiers de la territoriale, arrêtées par l’état des chemins, n’arrivèrent que dans l’après-midi. On les groupa dans le fond de la vallée, en arrière des pièces de la 5e division, d’où elles tiraient à très grand angle par-dessus les hauteurs. Leur tir était corrigé par des observateurs placés sur le sommet des collines et reliés aux batteries par le téléphone de campagne.