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Page:Revue de l’histoire des colonies françaises, 1913.djvu/103

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dont il n’osait bouger réduit à ses seules forces ; bientôt, faute de vivres, lui et les siens en furent réduits à manger des lézards et des singes.

Blas Ruiz, plus heureux, contourna le Champa qu’il se garda bien d’attaquer et vint mouiller à l’embouchure du Mékhong où Belloso se hâta d’opérer sa jonction avec lui en attendant Gallinato et le gros des troupes. Une pénible surprise les accueillit au Cambodge : Prahuncar Prabantul avait remplacé, à Sistor, Langara réfugié au Laos. Au lieu d’un prince ami, on se trouvait en face d’un souverain hostile ou méfiant, peu satisfait de voir reparaître, si nombreux et si bien armés les amis de celui qu’il avait renversé.

Belloso, avec plus de diplomatie que de sincérité, faisant contre fortune bon cœur, avait de Barrara dépêché au roi un message pour lui dire que les Espagnols, à l’exemple des Japonais et des Chinois, venaient simplement commercer au Cambodge. L’usurpateur feignit de le croire ; peut-être même eût-il la pensée de les gagner à sa cause, car il envoya à Belloso un brevet de gouverneur de Barrara, à Blas Ruiz un sauf-conduit pour circuler dans tout le pays. Les aventuriers étaient remontés ensemble à Chordemuco (Phnom-Pénh), entrepôt de commerce cambodgien ; ils voulurent voir les effets de la sourde mauvaise volonté du roi dans celle que leur témoignèrent 3 000 Chinois établis à Chordemuco qui, après avoir été évincés des Indes par les Portugais, se souciaient probablement peu d’être encore frustrés du marché cambodgien. La sournoiserie des uns, l’arrogance castillane des autres aidant, les deux partis en vinrent aux mains ; les Espagnols, appuyés par vingt Japonais chrétiens, qui se