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Il est impossible, en jetant les yeux sur ce tableau, de méconnaître la présence constante du radical iz renforcé en itz. Les colonnes E et F contiennent les formes du conditionnel et du „suppositif“ manifestement dérivées de l’imparfait, ce dont on acquiert d’ailleurs aisément la conviction en comparant l’ensemble des formes de ces trois temps, même dans un seul des dialectes et sous-dialectes. Cette disparition du n dans les dérivés est un des arguments à invoquer pour démonstrer que cette finale est adventice et relativement récente ; son inutilité est d’ailleurs prouvée par les dialectes 2 et 7 qui ont leurs imparfaits sans n final. La voyelle qui précède le n est également adventice, et il résulte du tableau précédent, et de tous ceux qu’on peut encore dresser, que la 3e pers. imp. ind. sing. pure et primitive était ziz ou liz, d’où l’on a fait plus tard zitz ou litz, puis zitzen ou litzen dont la syllabe zen est seule restée ; (cf. banintz, nintzateke et nintzen opposés à balitz, litzateke et zen évidemment raccourci). Il convient donc d’analyser nintzen, n-intz-e-n „je-être-euph.-adv.“ ; zen est tronqué. Quant au zen „mort, feu“, c’est le même mot, mais ici n est le suffixe conjonctif qui est en même temps relatif et dans aita zena p. ex., ou Napoleon zena, zen a le sens de „qui était, qui existait“ et l’on doit traduire litt. „le père qui existait, Napoléon qui était“ c. à d. „feu mon père, feu Napoléon“.[1] — Remarquez dans le tableau précédent que les formes des col. C et D dérivent du tronqué ze (zen) dans les dialectes 5 et 7.

  1. À propos de zen „il était“, je dois signaler un emploi curieux de ce mot. „Il est mort hier“ se dit généralement en basque labourdin, non pas atzo hil da mais atzo hil zen „il était mort hier“ que les gens du pays traduisent en français dans le langage courant : „il mourut hier“.