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LA LOGIQUE DE HEGEL

LE DOGMATISME DE HEGEL

(Suite ».’)

Hegel n’est pas, comme Descartes ou Kant, un révolutionnaire de la pensée. II ne prétend pas rompre avec le passé et réédifier la science sans rien emprunter à ses prédécesseurs. L’histoire des systèmes est pour lui tout autre chose que le vain et décourageant catalogue des aberrations humaines ; plus clairement encore que celle des faits, elle laisse transparaître la logique interne qui la régit. Avec Aristote, avec Leibniz, Hegel croit à la pérennité de la philosophie il entend résumer et condenser dans sa doctrine toutes les doctrines antérieures, les compléter plus encore que les supprimer. Néanmoins rien de plus original que son système, rien qui ressemble moins à de l’éclectisme. L’unité en est le trait le plus frappant ; il n’est d’un bout à l’autre que le développement méthodique d’un principe unique la relativité universelle. Or cette thèse fondamentale et la méthode dialectique qui en découle sont, après tout, choses assez nouvelles. Le fait seul -qu’elles sont jusqu’ici demeurées à peu près incomprises même du public philosophique suffit, croyons-nous, à le prouver. En tout cas Hegel procède principalement de Kant. Son système n’est que le criticisme méthodiquement développé, dégagé des incertitudes et des inconséquences qu’il est trop facile de relever dans l’oeuvre de son fondateur. Il y a donc lieu de s’étonner que la plupart des critiques n’aient vu dans l’hégélianisme qu’une œuvre de réaction, un retour plus ou moins déguisé au dogmatisme condamné par Kant, et plus particulièrement au dogmatisme de Spinoza.

. Voir les n"s de la Reoue de* Métaphysique de janvier, mai et novembre 1894, mars et septembre 1895.